O Dieu plein de compassion,
Pourquoi ne réponds tu pas à mon ardent appel?
N’ai je pas obéi à Ta commande dans un esprit de soumission sans recul?
Le matin et le soir et à chaque repas je dis mes prières avec dévotion.
J’observe les rites et les jeunes dans toutes les occasions sacrées
Les boissons j’évite et mon palais ne cherche pas la satisfaction.
J’exécute Ton travail avec toute ma conscience
Et me refuse le sommeil et le repos à Ton service.
J’ai barré tout plaisir et rêverie de ma journée,
Et j’étudie les écritures quand d’autres se divertissent.
Aucune tempête ni feu ne peuvent déranger mes heures de méditation
Et quand j’ai quelque temps libre j’écris des poèmes en Ton honneur.
En jeux et recréation j’ai très peu de temps à perdre.
Pourtant Tu sembles être si indifférent à mon effort
Que je suis souvent tenté d’arrêter ma tentative
Me demandant si après tout Toi aussi Tu n’es qu‘un mirage sur le chemin

Mon ami, je suis tout près de toi.
Pourtant rares sont les âmes qui me reconnaissent.
Quand je frappe à leur porte en mendiant
Elles sont trop occupées avec les moyens
Pour se souvenir de ce qu’elles cherchent.
Tous les hommes travaillent poussés par leur nature.
Si tu étais un jardinier, toi aussi tu ferais pousser des fleurs sur une colline aride.
As-tu jamais arrosé une fleur rien que pour mon seul plaisir ?
As-tu laissé tomber un vase de porcelaine dans un moment d’inattention
Parce que tu avais vu mon reflet te sourire dans le carrelage ?
Y a t’il jamais eu un jour où tu n’as pu te concentrer
Parce que j’ai chanté et ri trop fort dans ton cerveau ?
As-tu jamais quitté précipitamment ton travail pour courir dans les champs
Parce que tu m’avais entendu t’appeler de chaque bosquet et arbre ?
Es tu jamais resté sans manger ni boire parce que rien n’avait de goût en mon absence ?
As-tu jamais oublié de dire tes prières avant les repas
Parce que tu m’avais vu te faire signe dans les yeux d’un enfant ?
As tu jamais manqué une méditation
Parce que j’avais suspendu le mouvement du soleil et de la lune ?
As-tu jamais mis en gage les Ecritures
Pour m’acheter quelques bâtonnets d’encens et des fleurs fraîches ?
Quand tu es en train de chercher impatiemment les rythmes pour tes poèmes
Ne m’as-tu pas vu attendant patiemment pour avoir un mot avec toi ?
Quand tu es passé devant ta sœur malheureuse, t’écartant d’elle comme d’un serpent
N as-tu pas senti une oppression dans le cœur pour avoir insulté le Créateur ?
Si tu t’éloignes des chants et des danses
Si tu ne participes pas dans les jeux et les tournois
Comment entendras tu mon rire mélangé aux voix ?
Si tu ne te bats pas avec moi par peur ou respect
Alors ou trouveras tu la force pour supporter ma descente ?
Quand tu étais occupé à improviser des mélodies pour ta musique
Ne m’as-tu pas vu partir ne me sentant pas le bienvenu ?

Je ne veux pas être une idole dans un temple
Je veux des amis et des compagnons
Aime moi. Je suis ton esclave autant que le jeu durera.

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Niranjan Guha Roy 1960