Méditation pendant le Nouvel An 1982

Le temps et l’éternité

J’essaye d’atteindre les extrêmes limites du temps jusqu’à ce que ma conscience déchire les frontières du passé, présent et futur et perde le sens du temps et entre dans une conscience d’éternité qui est toujours séparée et non touchée par le cortège incessant de noms, de formes, d’univers surgissant et disparaissant dans le flot du temps. Il n’y a rien de stable. Le temps coule apportant sans cesse dans son courant l’étonnement éternel d’aubes et de couchers de soleil. La base est stable, plus subtile que la substance la plus subtile, cependant la substance même du flot du temps. Le défilé est perpétuel et renouvelé constamment. La fleur la plus minuscule, qui pour un matin rougeoie dans la prairie avec des pétales bleues et roses fugitifs, est un refrain qui se reproduit éternellement dans l’immense symphonie du temps . Elle reviendra à nouveau sur une autre terre dans un autre cycle lointain, quand notre terre disparaîtra ou sera transformée en quelque chose d’autre. Tout est contenu en tout. Les divinités les plus hautes et les monstres les plus sombres sont faits de la même substance primordiale insaisissable. Les masques et des façades, les desseins des vague colorées traversant le temps devant l’œil témoin ne cachent pas l’unique Joueur si intime, cependant pour toujours inconnu et inconnaissable. Examinons le passé, explorons l’avenir, scrutons le présent.
Il y a toujours le même visage amical, le sourire ensorcelant de l’Étranger suprême. Dans cette vaste,indivisible, éternelle Identité est ce que j’existe? et vous ou bien quelqu’un? Une goutte de rosée peut-elle voir le Soleil ? Un tournesol sent et se tourne vers le Soleil. Ainsi de par les âges, quelques âmes ont pu percevoir ce Soleil unique indivisible, caché. Le Soleil qui se regarde lui même à travers ses fragments innombrables. Toujours le même, Lumière indivisible, insondable, mystérieuse, éternelle, infinie.
Brille toujours plus dans notre conscience. Puisses Tu te refléter sans altération ni déformation dans le miroir transparent et purifié de notre âme. La Lumière a été, est et sera toujours là car il n’y a rien d’autre. Ai-je parlé des masques et des façades des vagues ? J’ai eu tort. Chaque fleur, chaque visage, chaque forme, sombre et dangereuse, délicieuse et ravissante est un fait un moment sculpté de cette Lumière immuable. Mon âme est muette devant cette Unité inexprimable qui remplit tout le temps, toute existence. Il y a seulement l’Un et sa manifestation éternelle de Lui même.
O mon âme, contemple à jamais l’Un intime, cependant pour toujours impossible, inaccessible. Puisse je me perdre dans l’Un merveilleux.
Que notre conscience limitée, divisée soit dissoute dans la Conscience de la Mère originelle.
Om namo, Om namo, Om namo.

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Niranjan Guha Roy