Au sujet de la paix

La chose la plus recherchée dans le monde et en même temps la plus rejetée par les hommes est la paix. Quand elle est là, les hommes et les femmes s’ennuient. Quand elle est absente ils se plaignent. Mais la paix est toujours là, comme l’air que nous respirons. Elle est toujours accessible et peut devenir permanente dans notre conscience, dans notre être. Elle est la présence du Divin, de l’Esprit, un aspect tangible du Créateur suprême. Elle est accessible, présente dans le corps, dans le domaine vital de la vie, dans le mental et dans l’âme. Les arbres et les plantes, les pierres, la mer ou la matière juste vitalisée émanent une grande paix. C’est pourquoi ceux qui recherchent la paix se retirent souvent dans des endroits déserts. Les explorateurs qui ont été au pôle nord, ou au sommets des montagnes, les marins perdus dans l’immensité de l’océan, les voyageurs se reposant la nuit dans les déserts, même les cosmonautes loin de ce monde, sans pour autant être des êtres spirituels, ont souvent senti une grande paix, une paix vivante qui les pénètre et leur apporte un bonheur ineffable. On peut trouver une paix vivante dans la foret, spécialement dans des arbres géants, on peut sentir la paix dans leur sève même. C’est avec l’éveil progressif de la vie que commence le tourment. L’éveil de la vie est en même temps celui du désir, du feu qui peut être apaiser juste pour un moment. Avec les animaux les plus évolués nous voyons une alternance entre paix et perturbation. Un lion qui chasse n’est pas paisible, un tigre qui se bat pour une femelle est la violence incarnée. Un lion bien repu est une image de paix. Les animaux ont la capacité naturelle d’être vraiment paisibles quand leur besoins primordiaux sont satisfaits. Même les hommes des tribus primitives ont une entrée dans une profonde paix. Chez eux, le mental, le tyran suprême, le tourmenteur est à peine né encore. La réelle torture de l’homme commence avec l’éveil de l’être mental quand il mangea “la pomme de la connaissance”.

Avec l’éveil des idées de ce qui est bien ou mal, vrai ou pas vrai, de ce qu’il doit avoir, de ses droits, ses besoins et demandes, ses caprices, ces espoirs et aspirations, il est exilé du paradis. La paix est partie. La vraie raison? Il est victime de ses propres pensées, de sa propre vision du monde. Il est lui même le lieu d’une immense contradiction incessante et à chaque pas il est en contradiction avec le monde qui l’entoure. Sa recherche de la paix a commencé il y a bien des ages. Les sages nous ont révélé comment l’obtenir. Le Bouddha nous a montré que pas l’abolition des désirs, on peut arriver à une paix absolue. Bien avant lui il y a eu des sages qui recommandaient la pratique du détachement. Nous devons essayer de percevoir les choses à travers le témoin qui existe réellement en nous. Pour beaucoup de choses nous sommes vraiment des témoins mais pour ce qui nous touche personnellement, il est difficile d’être paisible, un témoin inébranlable. C’est le premier pas. On doit pratiquer la discipline de devenir un témoin. C’est la clé de la spiritualité indienne. Puis graduellement on découvrira que le témoin a le pouvoir d’apaiser, de calmer même les plus violents assauts des impulsions vitales et peut même apaiser les souffrances physiques. Le témoin peut calmer le mental assez facilement. C’est pourquoi les intellectuels désintéressés sentent une paix en eux. Mais il y a des degrés, des intensités, même des différentes substances de la paix. En résumé. L’abolition des désirs, au moins un contrôle lumineux des désirs, un détachement progressif et la découverte du témoin en nous sont des moyens à notre disposition.

Mais il y a un autre moyen tout puissant, souverain, infaillible qui est la prière. Si nous pouvons nous abandonner dans les mains du Seigneur, de la Mère Divine, du Créateur divin, du Mystère de cette invisible Personnalité dans un mouvement d’humilité, de supplication, avec quelques mots spontanés d’un enfant’” Aide moi, soutien moi, protège moi, donne moi la paix” alors le miracle se fait. Le grand mystère ne refuse jamais ses bénédictions et amour même a l’être le plus faible, misérable, déshérité du monde. Il nous enveloppe de sa paix qui est un bonheur indescriptible. Prier comme un enfant, ouvrir son cœur, exprimer ses tourments, souffrances, simplement, s’approcher de lui avec la confiance du chien fidèle. Alors il prend soin de son enfant qui ne se sentira plus jamais seul. La paix sera avec lui. La paix lui apportera une grande compréhension. La paix contient la lumière en elle. Dans la paix on comprend infiniment mieux. La paix apporte un repos bénéfique. En même temps, la paix nous libérera de ce que la spiritualité indienne appelle le recul, la peur, la honte, la haine etc. Elle abolira intérieurement, psychologiquement le sens de séparation des autres. Nous sentirons profondément à l’intérieur de nous une unité avec tous les êtres, toute la création, comme si tout devient soi même, tout est une paix infinie.

Si nous devenons plus vaste, si nous pouvons prier pour la paix, pour toute la terre, si nous pouvons être impersonnels, nous serons capables de sentir la paix partout, dans chaque chose, la seule réalité, la base de l’existence. Que la paix apaise les désirs aveugles et la violence et soulage les souffrances. Paix pour chacun et pour toute la terre. Dans cette paix nous pouvons sentir l’Être suprême, le bonheur durable au dessus de tout conflit et contradiction. La paix immuable.

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Niranjan Guha Roy 1977


Les Yeux qui voient

 Que devons nous faire? C'est le problème qui me tracassait depuis toujours. Finalement la réponse est venue par la grâce de la Mère Divine. Elle m'a donné les yeux qui voient. Auparavant j'étais aveugle, andha, entouré d'obscurité, andhakar, les ténèbres qui ne me permettaient pas de voir la Réalité suprême, le Brahman, le Divin.

Maintenant je vois le Brahman éternel  infini, partout, en tous les êtres et en toutes choses, dans le vide, le néant, en trois temps, le passé, le présent et l'avenir. Il n'y a que Cela, un Être infini, unique, innombrable. Quelle que soit la forme ou l'apparence extérieure c'est toujours le même Divin merveilleux, irrésistible. Il n'y a plus d'étrangers pour moi, chacun est une expression de mon Bien-aimé. Je ne connais plus la solitude, l'isolement non plus. Tout ce qui traverse mon esprit, toutes les images, les histoires passées, oubli"es, les millions de visages qui passent en un éclair le champ de ma vision intérieure ou extérieure, des myriades d'étoiles qui remplissent le ciel m'enchantent. Je ne sais ou tourner mes yeux: partout le même Sourire énigmatique me ravit. Je n'ai plus de travail, je ne cherche plus rien car ce spectacle fascinant jour et nuit me rend ivre. Aucun souci, pas de devoir, pas de programme, aucun plan

Le seul projet: le Divin, mon Amour, mon Étoile, mon Souverain, mon Ami de toujours, mon Âme, ma Mère souriante, ma Compagne, mon Maître. Il est tout cela à la fois et infiniment plus. Pourquoi tant de souffrances, de luttes, de pleurs! Un léger vent de grâce écarte le voile et tout devient incroyable, beau, merveilleux, mystère insondable, splendeur, extase, un bonheur trop fort pour notre pauvre faible corps. La mort, la séparation, la perte, la disparition n'ont pas de place dans cette réalité inexprimable. On baigne dans un océan d'amour, de félicité, apaisé dans l'étreinte vaste, chaude de la Mère.

Il y a encore des nuages qui couvrent avec leur voiles diaphanes le visage inoubliable de Celle qui est notre Source, notre Origine, notre raison d’être. Elle est la Réalité unique, éternelle, intime


Écoute avec ton coeur

Mon âme est comme une immense Cathédrale
Un temple qui s'élève jusqu'au ciel
Illuminé par l'Amour, rempli du parfum d'Amour
Résonnant doucement d'une musique d'orgue vibrante d'Amour.

Une invisible brise rafraîchissante
Apaisant toutes les agonies et les blessures
Accueille chacun et tous, les bons et les méchants,
Les prophètes et les monstres, les malades et les bien portants,
Les nones et les femmes légères, les durs et les tendres
Avec un silencieux Amour d'adoration qui voit le Divin en tous.

Le Temple Cathédrale s'agrandit constamment dans toutes les directions
Pour abriter les oiseaux, les animaux

Et tous les êtres vivants de la terre , l'eau et l'air.
Car qui peut on rejeter?

Dans le ver le plus minuscule, dans la fleur et le galet
Brille le Seigneur, le Grand Un qui a revêtu Ses robes les plus humbles.
L'Amour circule invisible à travers tous les cœurs, sans obstacle.
Ta violence, ton égoïsme, ta petitesse aveugle, ta souffrance et ta honte
Disparaîtront à jamais si tu sors de ton cocon en pleine lumière,
Casse la forteresse en granit de l'ego, la prison que tu as toi même construite,
Et où tu cohabites avec la haine, la colère, le mépris,
Le manque de confiance dans les autres et même en ton propre frère.

L'Amour déguisé mendie à ta porte:
Invite l’Étranger à ta table.
L'obscurité sera engloutie dans un Amour radieux et tendre.
La division guérie par l'Amour
Devient une myriade d’âmes palpitant d'un seul élan.
La souffrance s'évanouit dans une formidable étreinte de douceur sublime.
Le psychique dans l'homme et l'animal, la plante et la pierre
Aspire à L'Amour jour et nuit.

L'Amour frappe à ta porte
Écoute avec ton cœur
Bienvenue à la Mère.

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Niranjan Guha Roy


Un seul soleil et des milliards de reflets sur le miroir magique.

Un océan infini, éternel de conscience, de puissance, de félicité. Tout est Cela, rien que Cela.

La manifestation est un progrès constant de l'oubli de soi à l'éveil de conscience, de la division vers l'Unité , vers l'Un,
par la préparation de l'instrument de plus en plus perfectionné qui peut incarner cette conscience unique originelle:
La cristallisation de l’être psychique.

Le Divin est là d'une façon absolue.
Que notre don de soi devienne total.
Le sens de l'individu, d'une vie séparée existant en soi coupée de Son infinité est absurde.

Lui seul existe, infiniment.

Rien ne peut Le contenir pourtant rien ne peut exister sans Lui.
Il est la substance même de chaque chose, le contenu de tout ce qui existe., même le vide n'existe pas.
Le silence est Sa béatitude béatifique.

Un seul soleil et des milliards de reflets sur le miroir magique.

Niranjan Guha Roy