Le destin est un despote impitoyable qui gouverne la vie d’une main de fer et conduit l’être par les aventures dangereuses et difficiles que personne n’entreprendrait volontairement. Il nous conduit impitoyablement par des épreuves brûlantes, des circonstances dévastatrices et des bévues colossales, vers le but que lui seul connaît. L’individu bougonne, se bat et fait une guerre contre son destin propre. Il est estropié, épuisé et tombe souvent en morceaux car le destin est beaucoup plus fort que l’individu. Le destin a seulement un but : nous faire grandir dans la conscience par des événements mauvais et bons, mauvais et sordides, laids et monstrueux et des circonstances. Toutes les expériences infinies de la vie sont du carburant pour ce feu de purification et de croissance. Tant que nous résistons au décret de destin, tant que nous nous révoltons contre son autorité et souveraineté, nous sommes malheureux, désespérés comme des animaux poursuivis, comme des prisonniers enchaînés dans des cachots souterrains ténébreux. Le premier éveil vient quand nous ne nous battons plus ou qu’il n’y a plus révolte contre le destin, mais apprenons à accepter son pouvoir sur notre vie. Même si nous devons grincer des dents d’indignation étonnée et colère, une illumination plus grande survient alors dans notre vie, une acceptation calme et un contentement résigné. Mais il y a beaucoup d’âmes qui dès le début ne se battent pas avec le destin, mais collaborent avec lui, souvent d’une façon aveugle et ignorante mais parfois plus consciemment. Pour eux le voyage est relativement facile. Les dangers et les difficultés et les catastrophes sont là pour eux aussi, mais comme le capitaine d’un bateau bien informé qui connaît les dangers et sait aussi comment naviguer dans une telle crise. Il connaît les courants dangereux, les récifs au-dessous de la surface d’eau et se tient bien loin d’eux. Graduellement celui qui s’est révolté, aussi bien que celui qui a collaboré prend conscience que le destin est le maître propice et le guide, l’enseignant le plus infaillible, l’ami le plus fiable. Et ce n’est rien d’autre que notre propre âme, une avec le Divin, le Suprême. C’est la délivrance. Nous ne sommes plus chassés et poursuivis par la horde de lions qui nous forcent à avancer, mais c’est nous-mêmes qui voulons suivre avec enthousiasme, amour et confiance, l’appel magique de la flûte. Chaque fois que nous répondons à l’Appel, une intimité plus grande est établie entre notre âme et nous-mêmes, entre l’homme et le Divin. Chaque réponse apporte une révélation plus grande, et notre aveuglement, notre souffrance nous quittent pour toujours. Le conducteur cruel, implacable de notre vie, le visage terrible du destin est maintenant l’inoubliable, le plus propice, le plus beau visage de l’Éternel. L’homme, par sa force propre, ne peut jamais aller de l’ignorance à la lumière.

O Seigneur, menez-nous de l’obscurité à la lumière, de la division et mensonge à la vérité et l’unité, de la mort et la souffrance au bonheur immortel.

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Niranjan Guha Roy