O voyageur du Grand Chemin, soit vigilant et sur tes gardes
L’animal redoutable dans l’homme domine encore la terre !
Par un moment de relâchement lorsque tu es fatigué, découragé
Comme un tigre aux aguets caché dans des herbes trompeuses,
L’animal rusé, démoniaque saute sur la victime somnolente
Et dans un instant détruit tous les rêves que tu as nourris,
Les tableaux que tu as créés durant des années d’efforts soutenus.
L’appel séduisant du plaisir éphémère compromet ton destin sublime.
Tu peux tomber dans un abîme d’où il sera difficile de surgir.
Le ciel lumineux plein d’espoir s’efface soudain dans le noir.

Souviens toi de la Mère Divine jour et nuit, Elle est ton bouclier.
Chaque moment d’oubli est un péril, on côtoie le précipice.
Le chemin du yoga est long et semé de pièges, un fil de rasoir.
Seule la Mère Divine peut sauver le monde.
Accroche toi à Elle jusqu’à ce qu’Elle te porte dans Ses bras rassurants.
Déploie ton être comme une carte du monde pour qu’Elle voit clairement
Du sommet radieux jusqu’aux gouffres perfides et dangereux de ton être.

Lorsque Elle, la Mère Divine est avec toi, il n’y a plus rien à craindre.

Même dans l’abîme, Elle est là.

 Il n’y a nul endroit où Elle est absente.

Si ton amour monte vers Elle, tout se tait,
Il n’y a alors que la Présence éternelle.
Sa Force coule dans les veines, son souffle parfume la maison de vie,
Sa Lumière comme une rivière inonde le corps et l’esprit,
Sa joie ravit nos jours et nos nuit, fait oublier les affres de la douleur.
Sa conscience pénètre les couches profondes de notre être multiple.
La terre connue s’évapore dans la splendeur d’une Existence divine.
Le poisson asphyxié, doté d’ailes, s’envole dans un ciel libre.
L’homme comprimé par la matière lourde émerge, ébloui dans la Lumière éternelle.

O Voyageur,
Ne vend pas ton droit divin pour un triste plat de lentilles.
La Mère Divine te réserve une surprise :
La fête des Dieux immortels dans Ses vastes domaines,
Bien au-delà des champs arrosés de sang.

On s’éveille et peu à peu, le mauvais souvenir s’efface
Devant l’Aurore, le sourire de la Mère.

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N. Guha Roy 1993